Pensée du jour, Krishnamurti
L'image du moi, source de douleur
Pourquoi cette division entre problèmes majeurs et problèmes mineurs ? Toute chose n'est-elle pas un grand problème ? Pourquoi faisons nous d'elle un grand problème ou un petit, un problème essentiel ou un problème sans importance ? Si nous parvenions à comprendre un problème, un seul, à l'élucider à fond, qu'il soit grand ou petit, alors nous éluciderions tous les problèmes. Et ceci n'a rien d'une réponse rhétorique. Prenez un problème quelconque : la colère, la jalousie, l'envie, la haine - elles nous sont toutes très familières. Si vous explorez la colère à fond, au lieu de l'écarter, alors, qu'est ce que cela implique ? Pourquoi est-on en colère ? Parce qu'on vous a blessé, parce qu'on vousa fait une reflexion méchante ; mais quand on vous fait une remarque flatteuse, vous êtes content. Pourquoi est-on blessé ? A cause de l'importance que l'on s'accorde, n'est ce pas ? Pourquoi nous donnons nous tant d'importance ?
Parce que nous nous faisoons une idée de nous-même, nous avons un symbole, une image du moi, l'image de ce qu'il faudrait être, de ce que nous sommes ou de ce qu'il ne faut pas être. Pourquoi se crée-t-on une image de soi-même ? Parce qu'en réalité on n'a jamais examiné ce que l'on est. Nous pensons qu'il faut être ceci ou cela, l'idéal, le héros, l'exemple. Ce qui déclenche la colère, c'est que notre idéal, l'idée que nous nous faisons de nous même, soit attaqué. Et l'idée que nous avons de nous même est notre moyen d'éluder un fait - la réalité de ce que nous sommes. Mais lorsque vous observez votre réalité propre en tant que fait, personne ne peut vous blesser. (...)
Nous vivons donc sans cesse dans un monde idéalisé, un monde de mythes, et jamais dans le monde réel. Pour observer ce qui est, pour le voir vraiment, pour se familiariser avec ce qui est, il ne doit y avoir ni jugement, ni évaluation, ni opinion, ni peur.